2016 · UN GRAAL POUR L'ÉTERNITÉ
En 2016, j'ai eu la chance d’apparaître à deux reprises et pour une poignée de secondes, en introduction du film "X-Men: Apocalypse" dirigé et produit par Bryan Singer.
Participer à une superproduction d'un film de "Super-héros" est un rêve que je faisais adolescent alors que je m'adonnais avec mes camarades du lycée à notre passion des jeux de rôle et des jeux vidéos. Nous étions sans le savoir à l’époque ces futurs geeks des années 80 nourris en intraveineuse par l’héroïne-fantaisie ! Je veux dire l’héroïque-fantaisie, le médiéval-fantastique, le cyberpunk, le space opera ..., j'en passe et des meilleurs.
On adorait se réincarner, comme bon nous semble, par le jeu dans ces mondes fascinants qui nous propulsaient à des années-lumière de notre maigre condition de banlieusard du sud de la région parisienne. Alors quoi de plus glorieux aux yeux de ses pairs que d’endosser un jour "en vrai" un de ces rôles ! Et peu importe le rôle, la durée ou même la taille à l'écran. Le fait d'être dans le film, pour tout fan qui se respecte, est un Graal atteint pour l’éternité !
Il va sans dire que "X-Men: Apocalypse (6.9/10 IMDb)" ne compte pas parmi les meilleurs "films de la série X-Men" et que Bryan Singer dont j'affectionne le "Usual Suspects" de 1995 n'est pas non plus un des réalisateurs les plus faciles à appréhender sur un plateau. Je me permets de dire cela, car je l'ai vu à l'œuvre en plein tournage durant une scène mobilisant près de 400 figurants lorsque soudainement le chef opérateur de la photographie stoppa les moteurs en injuriant dans son talkie-walkie le connard qui venait d’entrer dans son cadre : "Who's that dumb ass into my shot ?". Il s'agissait nul autre que de Bryan Singer en personne, débarquant sur le plateau après deux jours de répétition en son absence (lol).
numéro 1283
Trois jours, durant l'été 2015, j’ai été le figurant 1283. C'est en répondant à une annonce très largement diffusée (mention spéciale à mon ami Gabriel Legault qui m’en toucha mot) que j'eus le privilège de garnir le casting du film.
Montreal-shot ‘X-Men: Apocalypse’ looking for male extras.
By John R. Kennedy Global News Posted April 18, 2015 1:15 pm
TORONTO — If you have ever dreamed of spending some time with mutants, here’s your chance. Producers of X-Men: Apocalypse are looking for guys to appear as extras. The latest chapter in the X-Men movie franchise will be shot this summer in Montreal, mostly on the soundstages of La Cité Du Cinéma. Casting agents are currently seeking fit, athletic males with shaved heads (or males willing to shave their heads). All ages and ethnicities are sought but black males and those with Arab, North African, Armenian, Moroccan or Mediterranean backgrounds are especially wanted.
X-Men: Apocalypse, directed by Bryan Singer, stars Jennifer Lawrence, Hugh Jackman, James McAvoy, Olivia Munn, Nicholas Hoult, Oscar Isaac and Michael Fassbender. The cast also includes Sophie Turner, Rose Byrne, Evan Peters, Ben Hardy, Tye Sheridan, Kodi Smit-McPhee, Lucas Till and Alexandra Shipp. The film’s working title is Akkaba (the name of a cult in the Marvel universe). It is scheduled to be released in May 2016. Last year’s X-Men: Days of Future Past was also filmed in Montreal. It earned nearly $750 million at the box office worldwide.
To apply for background work in the movie, click here. (You will need a clear recent photo.)
© 2015 Shaw Media
Permettez-moi de rendre grâce ici exceptionnellement à mon phénotype et mes gènes d’origine persane dans l’obtention de ce précieux sésame ! Je n’ai eu (pour une fois haha) aucun mérite à part celui de répondre physiquement au dit « type méditerranéen » particulièrement prisé pour l'occasion !
La première journée était allouée à l’essayage du costume. Ce n’était pas celui de Magnéto ni celui de Mystique, mais une petite tunique de rien du tout qui allait être mon seul recourt pour incarner un esclave égyptien priant à la gloire d’En Sabah Nur (Apocalypse). En arrivant dans les studios ce jour-là, pour trouver mon chemin, je n’avais qu’à suivre les chauves un peu basanés comme moi. Dès que j’en apercevais un, je me disais — tiens, un X-men ! Mais le plus étrange était d’être soudainement entouré par des dizaines de jumeaux. Des dizaines de grands et fort jumeaux pleins de muscles ! Afin de ne pas plier sous un complexe d’infériorité fulgurant, je me dis qu’aux yeux du groupe, étant le plus petit, j'étais surement le plus dangereux !
La deuxième journée, maquillage. Au menu, rasage intégral suivi d’un zeste de bronzage artificiel. Chaque figurant à la même enseigne, l'un après l'autre. Il aura fallu trois personnes armées de ciseaux et de rasoirs électriques pour venir à bout de ma tonte ! Imberbe, je redécouvris avec stupéfaction mon corps de préadolescent. Un saut temporel qui me rappelait comme il est bon de filer dans l’eau libre telle la loutre à la piscine.
Le lieu était à la démesure des blockbusters et autres péplums cinématographiques. À la chaleur accablante du mois d'août, nous nous tenions sous d’immenses chapiteaux climatisés qui, non respectueux du climat, contribuèrent sans nul doute à la fonte prématurée de la calotte glaciaire de Pluton ! Impossible évidemment d’avoir accès aux téléphones donc pas de photos ni de contact avec l’extérieur. Je trouvais parfois le temps long, immobile sous le soleil, mais parvenais à me distraire en observant les aller et venus des techniciens. J’essayais surtout d’anticiper quel serait le prochain cadrage. C’était devenu un jeu entre les figurants que de parvenir à se placer convenablement devant la caméra pour maximiser les chances d’être dans le film !
Un mutant peut en cacher un autre !
Au troisième jour, au bas d'une pyramide reconstituée de l'ancienne Égypte, deux colosses se tenaient prêts à frapper de leur masse des poutres soutenant un énorme bloc de pierre. À la vue des moyens déployés, j'étais certain que cette prise serait conservée au montage. Bingo ! Je me tenais aux premières loges devant l’objectif. Tête en l’air, j’oubliais d’écouter les instructions, pendant la répétition. Lorsque subitement tout le monde se mit à courir. Sauf moi. Faisant tache dans le décor, j’entendis une voix crier dans ma direction : Toi là-bas, il faut que tu bouges ! Esquissant un large sourire de circonstance, tout ce que je réussis à répondre fut : mais j’ai remué dans ma tête ! Et voici comment en une fraction de seconde, je devins avec succès un illustre boulet, pour la centaine de personnes présente.
Mon côté gaffeur venait une nouvelle fois de frapper à mes dépens. Je pensais alors obtenir un répit, mais c’était sans compter avec le réveil de mon autre côté cascadeur qui se manifesta dès que les moteurs des caméras se remirent à tourner pour la vraie et unique prise de la journée ! Ou comment passer en l'espace d'un instant de Pierre Richard dans Je suis timide, mais je me soigne à Buster Keaton dans The General. Action ! Retenti et par, je ne sais quelle sorcellerie, au lieu de courir vers l’avant, j'avançai à toute allure en arrière, culbutant aussi sec sur une misérable latte métallique placée sournoisement sous mes pieds. Une semaine plus tard, ma fesse droite en gardait encore un douloureux souvenir !
Enfin, pour ceux qui n’ont eu de cesse de me poser la question durant le tournage : non, je n’ai pas encore eu l'honneur de rencontrer Jennifer Lawrence pour lui déclarer ma flamme. Mais qu’à cela ne tienne, je sais que de là où il est, Stan Lee est fier de ma mutation… heu… de ma prestation ! :D
Hugo V. 2020