2012-2015 · AN ENDLESS EVENING IN MONTREAL



L’idée de faire une vidéo sur le surf et Montréal m’est venu le jour où j’ai approché le fleuve Saint-Laurent derrière le complexe de logement Habitat 67.

J’étais parti à la rencontre de mon ami Yves Motte qui pratique le surf de rivière. Lui, sachant que j’adore la photographie, m'avait suggéré de venir faire un tour « à la vague ». Il ne s’était pas trompé le bougre ! J’y découvris une ambiance très particulière. Une localisation à la fois proche et retirée de la ville dans laquelle, située en contrebas d’une architecture surréaliste pour le moins intrigante, un large bras du Saint-Laurent déroulait sa puissance.



Outre la proximité avec cette fameuse résidence patrimoniale de la ville. C’était comme si le Montréal que j’aime résonnait tout entier à cet endroit ! À la vision de ces personnes passionnées se retrouvant pour pratiquer en toute liberté un sport extérieur dans un cadre fascinant, naquit dans mon esprit l’idée de mettre en images cette scène.

Ne me lassant jamais de filmer et photographier la ville de Montréal et ayant longtemps chéri le rêve de suivre (caméra en main) les surfeurs professionnels dans leur périple autour de la planète à la recherche de « La glisse », comme ceux du documentaire culte "The Endless Summer", j'ai instantanément été comblé de pouvoir réunir ces deux sujets à deux pas de la maison !



Je me rendis à plusieurs reprises entre 2012 et 2015 « à la vague » filmer les exploits d’Yves. Je me souviens particulièrement de la soirée du 12 juillet 2014 où les plus téméraires, osèrent braver le fleuve, avec seul éclairage la clarté d'une "superlune" arrivée à son périgée.

Ce fut une expérience photographique totalement nouvelle pour moi que de filmer en extérieur dans la pénombre. Ma caméra, à l’époque un boitier Canon 5D mark III combiné à un objectif 35mm 1.4 série Art de Sigma, ne parvenait pas à retenir assez d'informations en mode vidéo sur le capteur numérique.

Ainsi contraint, j'optai pour faire des prises de vues en rafales avec des temps de pose plus ou moins longs. Ce qui me permit de capter de courts segments vidéo image par image. C'est grâce à cette technique que j'eus la chance d'obtenir, en jouant avec la bague d'un zoom, d'intéressantes trainées lumineuses.



Une des activités photographiques que j’aime pratiquer est de réaliser des accélérés (Time-lapse). Car le rythme augmenté de ces séquences révèle les marées du temps qui échappent à notre réalité.

Pour cet exercice, à bien observer Montréal, l'orientation géographique de la ville offre des points de vue privilégiés aux heures de lever et de coucher du soleil. Par exemple, en pointant sa lentille vers l'ouest lors d'un coucher de soleil sur le pont Jacques-Cartier, un Time-lapse pris sous cet angle donne l’impression à l'île de littéralement glisser sur le fleuve !


The Dark Side of the Wave


C’est en 2011, au sortir de temps agités professionnellement que je ressentis, dans un sursaut d'orgueil, le désir de me prouver la capacité de réaliser seul l'entièreté d'une production vidéo.

La majorité des vidéos de surf que je visionnais en ligne étaient soit axées sur la performance d’athlètes dans des vagues incroyables ou sur la passion du surf comme un art de vivre.

Les images étaient magnifiques, mais aucune n’évoquait la peur que j’éprouvais à l’idée de me jeter à l’eau. L'inexorable force du courant étant ce qui me fascinait le plus, j’envisageai de réaliser cette vidéo vue « du côté obscur ». C’est bien l'unique chose que j’ai décidé avant d’entamer le montage.




Sans storyboard préalable, je me reposais uniquement sur mes choix musicaux1 pour dicter l'enchaînement des séquences. La vibration angoissante de la ligne de basse au début me donna une amorce. Le jeu au montage devint alors de suivre le tempo et de faire coller au mieux l'image avec le son. Une trame narrative apparue d’elle-même avec la sélection du métrage : l'incipit, la descente des surfeurs vers la vaque, la glisse périlleuse, la tombée du jour, le surf sous la pleine lune, l’ouverture du fleuve sur le titre et enfin le générique.




Un exemple d’obscurité est l’apparition du titre FLOW tout droit inspiré par celle du film d’horreur ALIEN (1979) de Ridley Scott.




Un seul regret technique : en 2012, mon équipement2 me permettait au mieux de tourner en 1080p à 30fps et en 720p à 60fps. Dix ans plus tard, la qualité de cette vidéo semble très loin d’une résolution 4K que mon simple téléphone supporte à merveille !




Rien de tel que des Time-lapses pour accompagner les nuances musicales crescendo et decrescendo. Aussi, je me suis promené aux alentours à la recherche des meilleurs spots de coucher du soleil sur la ville et de lever sur la vague. D’ailleurs, je me suis beaucoup amusé à filmer la Biosphère à proximité ! J’ai même tenté au soir du 24 juin de la cadrer parfaitement avec le soleil qui pointait juste en arrière à l’horizon. So cheesy I know ! Haha




Pour obtenir cet alignement, je me suis aidé d’une application (Sunrise, Sunset) de triangulation selon la position du soleil de manière à déterminer quelle serait la mienne au moment fatidique ! Ce que j’aime dans l’expérience du Time-lapse, mis à part la révélation du temps qui passe en accéléré, est la découverte d’un lieu, de son environnement et de l’énergie qui s’en dégage.

Par exemple lors de ce fameux Time-lapse du 24 juin. J’ai eu le privilège d’assister à un événement dont je n’aurais jamais soupçonné l’existence autrement :




Un ballet d’éphémères réunis en essaims par centaines, jonchés à même l’asphalte du pont de la concorde, pivotant méticuleusement leur corps en synchrone dans la direction des premiers rayons du soleil, pour réveiller leurs minuscules ailes engourdies par la fraîcheur d’une nuit d’été.




C’est bête à dire (c’est le cas de le dire) mais c’est à cet instant que je compris ô combien la chaleur de notre étoile était si précieuse !

Hugo V. 2020




1
« FLOOD »
FLOOD – BROKEN NOTE
PROGRAMMED AND INSTRUMENTS BY BROKEN NOTE
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GERMANY  2010

 
« SILENT EMBRACE »
ILLUMINATE – ALEX BANKS
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PUBLISHED BY MONKEYTOWN RECORDS
2014

 
« A MATTER OF TIME »
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PROGRAMMED AND INSTRUMENTS BY ALEX BANKS
FEAT. ELIZABETH BERNHOLZ
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2014


2
CANON EOS 5D MARK II DSLR
CANON EOS 5D MARK III DSLR
CANON EF 70-200MM F/2.8L IS II USM
SIGMA 35 MM F/1.4 DG HSM ART